mots et maux

Dans une relation qu’elle soit vanille ou BDSM, ce qui est primordial c’est le dialogue.

Il y a des moments où il faut savoir dire les choses, évidemment les limites sont faites pour être repoussées mais pas d’emblée, au risque de tout faire foirer.

On peut supporter une montée en puissance des coups portés mais s’ils sont d’emblée très forts, à l’idée qu’on va devoir supporter cette intensité pendant un long moment, on peut craquer et même douter.

Le dom doit peu à peu amener sa soumise à désirer plus, plus dur, plus fort, chaque soumise est différente, une femme maso supportera bien plus qu’une autre, sera-t-elle plus soumise pour autant ? Pour certains les femmes masos ne sont pas des soumises…..

Alors soit l’évolution se fait  sans accroc et la soumise n’a pas à exprimer ce qui la tourmente, soit elle sent que les choses vont trop loin, trop vite, et elle se trouve devant un dilemme :

-ne rien dire car « mon dom sait ce qu’il fait », laisser faire, en prenant sur elle, en se disant qu’elle va supporter, qu’elle va s’y faire, après tout la méthode COUE ça peut fonctionner…

-exprimer ce qu’elle a ressenti, ce qui l’a dérangée dans ce qu’elle a vécu.

 C’est cette dernière option à laquelle j’ai eu recours dernièrement, et pourtant ce n’est pas facile de dire les choses surtout si on tient à la personne car on a peur de froisser, de peiner, de voir sa relation s’achever pour un mot de trop ou de provoquer l’effet inverse de celui qu’on espère, le désir pour celui qui nous domine de nous faire vivre ce que nous ne sommes pas prêtes à supporter pour avoir absolument le dernier mot  car « il est LE MAITRE. »

 On s’en veut de n’avoir pas tout supporté c’est pour nous un échec, mais cet échec est utile finalement car il nous a permis d’avancer et si le résultat de ce dialogue ou non dialogue (le dom peut en effet dire, c’est ça ou STOP) est la fin de la relation c’est que celle-ci ne devait pas durer, alors autant ne pas persévérer sur cette voie.

Le BDSM s’opère entre adultes consentants, il faut oser parler avec tact mais sans ambigüité, sinon les non-dits s’accumulent et amènent inéluctablement au mot  « FIN » …

Une relation bdsm, c’est quelque chose de particulier, je dirais qu’on fait tout à l’envers par rapport aux relations traditionnelles dites « vanille » 

Lors des premiers dialogues on commence par se demander si nos aspirations sont les mêmes en matière de domination-soumission, on peut être amenés à parler de nos tabous, de nos refus, du côté sexuel de la relation ,ce sera déjà le premier seuil à franchir avant de savoir si on va vouloir aller plus loin et se rencontrer . Evidemment et heureusement d’autres sujets interfèrent : ce qu’on aime, nos hobbies, notre mode de vie…..

Mais finalement lorsqu’on se rencontre si on l’a décidé et si l’attirance qu’on ressentait s’avère confirmée et que l’on décide de concrétiser on se retrouve dans un schéma complètement différent d’une relation « vanille » : on donne son corps avant de donner son âme puis son cœur ,ce qui me serait paru inconcevable du temps de mes relations vanille et quand je dis « donner son corps » c’est réellement le donner et dès le début, bien plus que  ce qu’on fait dans une relation vanille où l’on avance doucement dans la connaissance de l’autre de ses envies de ses fantasmes et où on s’aperçoit parfois qu’on ne peut réaliser les dits fantasmes car on n’est pas en phase à leur sujet !  

Voilà pourquoi je ne pourrais plus revenir à une relation vanille maintenant que j’ai poussé une certaine porte, quand on y pense, notre corps c’est  une enveloppe charnelle, ce qui est le plus important c’est notre âme, nos désirs inassouvis, nos fantasmes, alors autant être surs de pouvoir les concrétiser avant d’entamer une relation.... 

Qu’est ce qui amène un homme dominateur qui pendant des années a adoré jouer, sur tous les registres de la domination, à finalement avoir envie de se soumettre et devenir à son tour celui qu’on formate, qui plie, qui subit? Je ne sais....

Récemment quelqu’un m’a dit: « je l’ai tellement fait vivre que j’ai maintenant envie de le vivre moi-même »

A cela je ne peux répondre « je l’ai tellement vécu que j’ai envie de le faire vivre à autrui », d’une part, « tellement »n’est pas le mot juste, d’autre part je n’ai aucune envie d’être domina et serais bien incapable de switcher.

Je répondrais  juste que je comprends qu’un homme puisse avoir envie de vivre ce qui fait vibrer les soumises surtout après les avoir vues vibrer, mais je ne pourrais me soumettre à un tel homme en sachant qu’il se soumet à une ou un autre…..