mots et maux

 

 

 

Je lis des textes disant qu’une femme soumise qui se fait prendre par et pour son maître n’est autre qu’une putain ! woawwww, déjà, ce ton péremptoire dénote un certain mépris pour ne pas dire un mépris certain des autres et du respect qui leur est dû.

Ensuite je voudrais bien savoir ce que les vraies putains ont de si méprisable, elles qui enfouissent dans leurs reins la plupart des misères masculines depuis la nuit des temps et qu’on devrait appeler « assistantes sociales ». Ces putains-là n’ont toujours fait leur métier qu’à contre-cœur et rencontré des messieurs non choisis, non aimés, dans une ambiance glauque et sans doute dangereuse la plupart du temps.

Les « putains » soumises ont, elles au moins, la chance d’assouvir leur soumission totale, et donc par-là même physique, par choix et désir. Je n’arrive d’ailleurs pas à comprendre en quoi le fait de se sentir sexuelle fait d’elles des putains plus que des femmes tout court qui assument leur part de sexualité volontairement dédiée à celui qui les domine… Je dois avouer que ça me dépasse…

Je lis par ailleurs : arrêtons le mélange des genres !! Des genres ? Quels genres ? Ne serait-ce pas cela qu’on appelle le racisme ? Pour être un être humain, il ne faut avoir qu’une et une seule envie, un seul désir, une seule passion, un seul souhait ? Et de plus on n’a pas le droit de se soumettre si on a des désirs charnels ? Quel ennui, merci.

Mais mon Dieu, que le sexe est donc tabou !!! Ici et ailleurs, partout !! Je dis « mon Dieu » à dessein, tant on dirait que ce sacré Sade est une bible. Un seul homme a écrit et voilà des générations qui suivent soi-disant à la lettre ses dogmes, comme si leur vie en dépendait. Et ça me fait tellement penser à certaines religions qui refusent les transfusions sanguines car il est écrit dans la bible que tu ne prendras pas le sang d’un autre…. ! Ce monsieur a aussi écrit des scènes de meurtre organisé…. On en fait quoi de ça ? On le prend à la lettre aussi ? Ou bien au second degré, en imaginant que ces meurtres sont une façon de décrire la possession totale de l’autre dans tous ses arguments de vie, allant jusqu’à l’aliénation de soi pour l’autre, en oubliant son propre état d’être vivant ?

Tout est question d’interprétation et que je sache, en tout état de cause et sans même avoir besoin d’interpréter, les scènes de sexe et partouzes en tout genre, faisaient bien partie de ses écrits, à ce cher Marquis !

Je trouve personnellement que ce qui est horrible, c’est la femme mariée, offerte consentante ou pas à son mari, subissant ses assauts (hebdomadaires parce qu’en semaine il est fatigué de son terrible travail) qui font partie du contrat tacite du mariage, et qui n’ose pas se soustraire parce que c’est comme ça ! Jacques a dit : laisse ton mari te baiser… et ta gueule… !

Pour autant, je conçois qu’on n’aime qu’une domination cérébrale ou carrément douloureuse, sans pour cela insulter ceux qui le pratiquent… ! C’est sans doute ce qui fera toujours notre différence. Quand on aime plusieurs choses, on a une plus grande ouverture d’esprit…

Cependant, j’ai lu aussi un texte admirable qui a eu sur moi l’effet d’une bombe, et si la dame vient me lire elle se reconnaîtra j’espère ! Une dame qui dit qu’il n’y pas de dominants-dominés sur Sensation, mais des joueurs et des passionnés ! Elle le dit tout simplement, sans porter de jugement particulier, en mettant pour expliciter ses dires, l’exemple d’un joueur occasionnel de loto qui achète un ticket puis le met nonchalamment dans sa poche, et un joueur de casino par exemple qui, lui, joue sa vie à chaque coup de dé ! Tous les deux sont joueurs, mais pas de la même façon et donc ne peuvent pas parler le même langage s’ils parlent de « jeu »… L’un joue occasionnellement et cette sensation ponctuelle lui suffit, l’autre est prêt à tout donner chaque jour pour avoir ces sensations (cette dame faisant partie de cette dernière catégorie)… Je crois qu’elle a tout dit, et je finirai donc là-dessus en lui disant bravo….



Auteur  Systematique84  , une des rares dominas qui sachent rester humaines, avec son autorisation